En avril dernier, nous vous avions présenté le partenariat de l’école avec le CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) de Beauchamp, à travers le regard des deux porteuses du projet et enseignantes de l’école, Clara Boggio et Chloé Petitjean.
Les rendez-vous 2018-2019 sont déjà lancés, et nous avons voulu vous faire part de l’expérience vécue par les étudiants, notamment grâce à Audrey Deleu (5ème année), qui est intervenue comme thérapeute, et Morgane Garnier (2ème année), elle, comme observatrice.
« Ça te met vraiment une claque », est une des première phrase que nous confie Audrey, de but en blanc, lorsqu’on l’interroge sur son ressenti sur cette première fois au CADA de Beauchamp. Première phrase qu’elle s’est dite après cette première rencontre. Pourtant bien informée par Clara et Chloé, puis par les équipes sur place avant de rencontrer ces nouveaux patients, et bien qu’ils n’aient pas échangé oralement avec ces derniers, la plupart ne parlant pas français ; cette expérience fera sans nul doute partie de ces moments marquants dans sa vie. Et pourtant, comme pour les événementiels sportifs, les consultations sont plus courtes et se font dans des salles où l’on crée des box temporaires. Des conditions qui paraissent fragiles en apparence, et qui sont peut-être finalement le terreau fertile d’un projet qui fonctionne.
Pour Audrey, cette première intervention l’a beaucoup touchée et lui a beaucoup apporté. Tant dans son apprentissage professionnel qu’humainement. Notamment sur la confiance en soi, en sa pratique et sur l’écoute de l’autre. La communication non verbale est vraiment très forte, et permet une connexion patient/thérapeute rapide. Ce projet a agi sur elle comme un catalyseur dans son apprentissage.
De son côté, même si elle a vécu l’expérience différemment, Morgane partage le sentiment d’Audrey. Personnellement engagée depuis quelques années aux côtés de différentes causes associatives et missions humanitaires, cette découverte comme observatrice au CADA de Beauchamp, a confirmé son désir de donner une tournure humanitaire à son futur projet professionnel d’ostéopathe. Bien qu’elle ait déjà rencontré des situations difficiles de par son engagement antérieur, elle était un peu stressée, dans la peur de gêner, d’être de trop et d’avoir un certain sentiment d’impuissance dans sa posture d’observation. Mais finalement, rien de tout cela, pas de frustration, ni de malaise. Notamment grâce aux enfants des patients, dont elle pouvait s’occuper pendant les consultations et qui ont permis, entre autre, d’installer un climat de confiance entre tous. Morgane aussi, a su profiter de réels enseignements à différents niveaux. A la différence de la clinique, lors de ces consultations extérieures, le thérapeute n’échange pas avec l’observateur, et pourtant, elle a éprouvé une réelle transmission, a su suivre et comprendre l’avancement de chaque consultation, appuyé également par le débrief fait en fin de journée. Humainement, elle souligne la bienveillance, en dehors de toute pitié. Une rencontre d’égal à égal. Forte des conseils préalables de Clara et Chloé (savoir s’écouter, savoir qu’on peut être de trop, savoir s’adapter et respecter la « bulle » de ces patients), elle a su trouver sa place, confirmer sa vision du thérapeute dans sa gestion des émotions. « C’était un beau moment de partage, autant avec les enseignants, les patients, que les étudiants de 5ème année ».